Comme nous vous l’avions expliqué en 2024, la FDPPMA63 a mené une étude sur la Maladie Rénale Proliférative des truites fario des rivières du département du Puy-de-Dôme. Menée à un niveau régional, cette étude a été réalisée par le bureau d’étude SCIMABIO Interface. Des financements de la Région et de la FNPF ont permis de compléter l’investissement fédéral.
Compte tenu du coup des analyses et des prélèvements nous avons sélectionné des cours d’eau sur plusieurs critères. Le cycle de vie du parasite nous a amené à cibler :
les cours d’eau les plus chauds (15°C pendant 15 j) permettant l’expression de la maladie
les cours d’eau les plus chargés en matière organique favorisant les bryozoaires (hôte du parasite)
la présence constatée du bryozoaire
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Ce choix effectué, nous avons réalisé des échantillonnages sur 25 rivières du département. Les résultats de ces analyses démontrent la présence du parasite sur 11 cours d’eau parmi ceux pour lesquels nous avions une suspicion soit 44% des stations analysées.
Ce chiffre peut paraitre important, mais il correspond aux stations situées sur les parties les plus basses de cours d’eau sur lesquels nous avions déjà des caractéristiques favorables à la présence du parasite. Une grande partie de notre réseau hydrographique est encore indemne, soit parce que :
le parasite est absent.
le parasite est présent mais son expression est inhibée par une température qui ne lui est pas encore favorable. Le changement climatique devrait favoriser l’extension du parasite et donc de la maladie.
avec l’évolution des débits et des conditions thermiques, les rivières situées sous 600 -700 m d’altitude vont connaitre un changement de composition du peuplement piscicole (déplacement des salmonidés en amont).
Que pouvons-nous faire ? Pour l’instant il n’y a que peu de solutions, nous pouvons inciter :
à faire attention aux boisements en bordure des cours d’eau afin de préserver la thermie
à améliorer la qualité d’eau (ce qui est déjà une obligation).
mais il est également important de ne pas dégrader la situation en dégradant l’environnement ou en déversant en secteur indemne des poissons contaminés susceptibles d’être de nouveaux vecteurs.
Il subsiste de nombreuses inconnues concernant l’expression et la mortalité suite à la contamination :
Les taux de mortalité semblent varier en fonction des conditions environnementales, même contaminés, si les conditions de température et d’oxygénation sont bonnes, la survie des poissons peut être importante.
L’expression de la maladie peut se faire une année et pas l’autre en fonction de la météorologie de l’année concernée.
La recherche de cette maladie n’est encore pas obligatoire en pisciculture, c’est donc aux gestionnaires de la pêche de respecter les préconisations de déversements qui leurs sont indiqués afin de ne pas contaminer des populations encore en bonne santé.
François Desmolles
Directeur à la Fédération de Pêche du Puy de Dôme
Docteur en Dynamique des Populations et Écologie des Organismes